Photos Jean-Luc Paillé, "Sans titre, 1996" (Syrus)
« Je me suis intéressé à ce genre de photographie [la Foto Povera] afin de me défaire du carcan technique de la photographie professionnelle qui nous amène à nous entourer du matériel dernier cri. La recherche photographique me passionne depuis la fin des années 70, je travaillais alors sur des montages en infrarouge pour créer des images personnelles. Le choix de travailler avec ce type d'appareil n'est pas uniquement une expérience où le résultat ne compterait guère, au contraire la qualité artistique et la référence à l'utilisation de la photographie sont primordiales. J'ai choisi ces deux photos car elle sont étroitement liées à deux de mes recherches personnelles actuelles. Un travail sur le paysage en couleur et en grand format où se trouvent des petits personnages. Et des mouvements d'images à l'intérieur même de la photographie.»
(Jean-Luc Paillé)
Jean-Luc possède plusieurs Syrus : des appareils-gadget en plastique qui permettent de prendre des chronophotographies, minuscules et lointains héritiers des lourdes chambres en bois utilisées au début du XXe siècle par Muybridge, Marey et Londe.... Il aime insister sur le fait qu'il ne s'agit pas seulement d'une pratique ludique, mais bien, dans l'usage qu'il fait d'un tel objet, d'une authentique recherche formelle. Il a découvert ce boîtier au début des années 1990. L'une de ses étudiantes lui avait apporté l'une de ces toy-cameras car elle souhaitait comprendre le mécanisme qui permet d'évoquer le mouvement, grâce à des décalages dans le temps des obturations. Lorsque l'on déclenche, une même vue 24 x 36 est partagée en 4, chaque fragment étant décalé d'1/6 de s. Selon Jean-Luc, une telle pratique est l'opposée de celle du sténopé, dans la mesure où il s'agit de représenter le mouvement (séquentielle, la chronophotographie est, on le sait, l'ancêtre du cinéma) et non l'espace. Je partage son avis, mais je nuancerai toutefois légèrement son point de vue : certains pratiques archaïsantes, palimpsestes de temps et d'espace, sont mixtes, comme celle de Claire Lesteven. En attestent quelques images prises récemment par Remi Guerrin. J'y reviendrai...
La seconde séquence de Jean-Luc évoque beaucoup le mouvement rotatif (c'est d'ailleurs techniquement ce qui se produit dans l'appareil) d'une... roue du destin, de la chance. Ou plus prosaïquement du mouvement d'une roue de bicyclette, dont le principe a d'ailleurs inspiré une série au photographe.
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