mardi 26 février 2008

Iconoclaste & Pyromane ? : les premières images au Photon de Caroll' Planque


Photos Caroll' Planque, « Sans titre, 2007 » (Photon)


Le 3 janvier 2008, Caroll' Planque m'envoyait ses voeux par e-mail :


« Un petit mot pour te souhaiter bien des choses en 2008... Et puis un petit cadeau de début d'année, et comme promis, mes premières photos avec le Photon (copie de Diana, c'est encore mieux). L'appareil prend la lumière, et mes pellicules étaient périmées. Voici le résultat, dont je suis très contente... »


Le « cadeau » m'a fait énormément plaisir.


En effet, c'est « encore mieux » (ou « pire » ) qu'avec un Diana : le film franchement voilé, semble s'embraser. Cette impression de brusque combustion qui semble inextinguible (comme celle des films sur support nitrate), due à l'absence totale d'étanchéité à la lumière, révèle un vrai plaisir à s'abandonner aux aléas de l'expérimentation, à malmener les conventions de la « photo réussie ».


Une route de braises bordée de peupliers qui s'enflamment, d'autres arbres rougeoyants... Caroll' serait-elle devenue une iconoclaste pyromane ?



Les photos de Caroll' Planque sont visibles sur :



http://myspace.com/191155315

http://www.altphotos.com/Gallery.aspx?&a=MemberGallery&memberid=2061

1 commentaire:

vinika a dit…

Igniquadrigraphie...

Une verticale inflammation (illumination ?) tend à brûler lentement ces images. Ces photographies forment un ensemble quaternaire où la nature recouverte doucement de flammes internes (qui sortent de l’image et l’envahissent ) semble vouloir s’endormir dans un espace chaleureux, et disparaître dans une totale union avec le feu. Il ne resterait à la fin qu’un point lumineux, incandescent : une météorite au vif éclat.
La métamorphose qui se joue devant nous conjure la solitude de cet espace vide d’humanité. Pourtant dans la deuxième photographie on peut entrevoir des formes de visages qui dansent devant nos yeux et cette clarté blanche dans le fond : une étoile qui brille pour l’homme. Encore que ce visage pourrait être aussi celui d’un Géant Génie du feu qui tournoierait dans les volutes de la lumière grillée.
C’est le soir, l’hiver et les nuages sont lourds de grondements, d’obscurités à venir. Les arbres aux branches torturées se dilatent vers le ciel tour à tour gris ou noir.
Le sacrifice serait donc d’offrir à cette nature qui se recroqueville sur elle-même sa chaleur personnelle, en une alchimie allégorique.
Sur les deux dernières photographies, ce feu devient métaphore : un coucher de soleil flambant, qui viendrait vers nous par le bas de la terre... et monterait en apothéose. (un volcan qui couve et qui déborde ) .
Il me semble parfois que ces images représentent quatre côtés d’un cube de mémoire qui s’abandonne à une inévitable transformation et ce carré magique serait un rituel de passage. (d’ailleurs Caroll’ Planque utilise pour la première fois un Photon et ce, avec une pellicule périmée, expérience qui correspond certainement à un désir de renouvellement.)
Des photographies, donc, que l’on peut regarder à l’envers, comme un reflet, un jeu dans un miroir ou dans un bassin empli d’eau.
Toujours ce carré qui rappelle le polaroïd et j’en arrive à avoir envie d’essayer de flamber des photos et de photographier cet évènement... Car certainement l’effet obtenu serait totalement différent.
La vestale devait garder le feu vivant dans le temple sous peine de mort. Veiller sur le feu et l’entretenir peut être un danger. Y a t’il pérennité dans tout ce qui touche à la combustion ? je ne peux m’empêcher de penser au conte « la petite marchande d’allumettes « .
Les images sont brûlées par la lumière qui entre dans l’appareil photographique. Il se déroule ainsi ici une manifestation qui oppose le froid , l’hiver, la nuit à l’été, la clarté, la chaleur. En une friction volontaire entre deux matières. Une nouvelle dynamique...