« 14h00/14h02, 2001 »,
de la série « Temps libre »,
(sténopé couleur, tirage 70 X 90 cm)
Dans ce sténopé de Guillaume Pallat, le temps de pose long a effacé complètement, ou presque (car à bien y regarder, il subsiste, telles d'infimes résidus de brume, quelques minuscules « fantômes » des corps), la présence des joueurs de football qui n'existent plus qu'en creux, par leur absence. Notre rapport à l'espace-temps est, du coup, comme chez Felten-Massinger, Claire Lesteven, ou parfois Remi Guerrin, bouleversé. Ce sont avant tout l'écoulement lent du temps et les perturbations formelles que celui-ci entraîne sur l'espace qui constituent les véritables sujets de la photo.
Voici le texte de présentation de l'exposition « Foto Povera 4, journées off portes ouvertes chez Jean-Luc Paillé (4-6 octobre 2007)» rédigé par notre ami Jean-Marie Baldner :
« Se faire plaisir
Il y a dans Foto Povera des correspondances, des dialogues indistincts des temps et des espaces, un désir profond de provoquer le hasard par la matérialité de l’image. Rien donc d’un repli nostalgique sur l’esthétique de techniques et d’appareils surannés. Un groupe d’échanges, une communauté de plaisir, relayés par le blog de Yannick Vigouroux, des artistes, des amateurs, qui manipulent aussi bien le sténopé, les appareils anciens ou les appareils jouets, les chambres réputées que l’ordinateur et le téléphones mobile ; qui expérimentent l’image en mouvement dans l’image fixe et son contraire ; qui revendiquent la pauvreté comme démarche et comme pensée de l’image. La prospection n’exclut ni le métier, ni la sophistication, ni l’esthétique, elle les use pour les mettre en danger, les conduire à leur point de déséquilibre, au moment où l’image trouve sa source dans l’effondrement de la valeur qui la fait reconnaître et apprécier dans les champs de l’histoire et du marché de l’art. Bousculant tout ce qui rassure de l’apriorisme mimétique et esthétique de la photographie, ces photographes commettent un flagrant délit de non évènementiel, de narration du geste visuel de l’attente. Entre continu et discontinu, ils construisent la surface photographique d’imperfections pour faire surgir l’inattendu dans le durable, l’accommodation dans la disparition. Ils se font plaisir.»
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire