mardi 11 mars 2008

Foto Povera est en guerre ?



Photos Philippe Calandre,
« Sans titre, 2008 »,
de la série « En attendant Rocco »
(Sténopés & Polaroïds 54, 4x5 inches)


Pour ma part, je le suis, on le sait, dans mes articles en tout cas, contre l'ultra-libéralisme cynique qui régit aujourd'hui nos vies.


Plusieurs heures de pose pour une enregistrer minuscule nature-morte (des soldats en plastique) : malgré sa persévérance, Philippe a fini par renoncer à cette série !...


Aux photos de nuit aussi, m'a-t-il confié, techniquement impossible ou nécessitant trop de patience lorsqu'on utilise un sténopé en bois, préfabriqué tel que le sien (le coûteux Robert & Rigby) et le film Polaroïd de grand format et surtout de faible sensibilité (100 asa) qu'il utilise...


La série s'intitule « En attendant Rocco » parce que, au cours de son récent séjour à Taïwan, Philippe a aussi photographié des petites poupées érotiques.


Est-ce la guerre du sexe ? Quelle est la part de sexualité dans la guerre (prouver sa virilité, notamment...) ?


C'est en tout cas dans un trouble microcosme que semblent évoluer ses soldats, un théâtre des opérations miniaturisé et enveloppé de nappes d'ombres interlopes, de flous ambigus. Le contexte est, comme souvent dans les jeux vidéos, celui d'une usine qui semble désaffectée, un univers qu'affectionne particulièrement l'artiste. La menace semble palpable.


Des photos qui ressemblent à des « brouillons » de photo-reportages (tous les détails des opérations auraient été anticipés au millimètre et au nombre de morts, de blessés près), des maquettes de conflits (comme celles que l'on découvre dans les musées commémorant une guerre) ; à de lointaines images mentales des innombrables images de guerre que nous avons vues ces dernières années à la télévision et dans la presse (Ex-Yougoslavie, Irak..., mais aussi les innombrables documentaires sur la Première et la Seconde Guerre mondiale).


www.philippecalandre.com/

2 commentaires:

vinika a dit…

ces deux images sont étonnantes car même un enfant habitué à des "jeux de guerre" n'a pas vu que c'était une mise en scène...Et de là description de l'infiltration de la base par une troupe ennemie...
Dans les jeux vidéos de guerre ou guerrillas, dans les jeux des enfants, il n'y pas ce souffle de mort ,cette forme noire qui hantent les cours et les rues, les usines abandonnées...Cette destruction qui ruine la vie, dénature la réalité, tout ce sang qui coule, ces tueries nées de toutes sortes de conflits.
Pourtant ces deux photographies (qui me semblent très belles pourtant - parfaites ) donnent le frisson, la crainte de l'horreur, non plus une crainte sacrée mais la peur viscérale de ce qui est hors du sens commun.
Qui aimerait se trouver face à ces soldats ?
Et cela ramène à la conscience toutes ces luttes armées qui se déroulent encore aujourd'hui et même à cette heure présente.

Vigouroux a dit…

Il est vrai que ces soldats, qui ne sont que des jouets, sont très crédibles ; les flous jouent je crois un rôle important dans ces deux images ; ils installent une ambiguïté, une atmosphère de malaise. Oui, ils font peur.