J'ai proposé à Marc CC d'écrire ici sur sa photo prise d'une fenêtre ; j'aime en effet beaucoup cette vue plongeante et cette main floue, si doucement irréelle, qui semble effleurer délicatement la rambarde sans s'y poser, et désigne ou ouvre une perspective illimité (celle de l'imaginaire ?). Une image simple et directe, d'une grande force, efficacité formelle.
Je l'ai souligné plusieurs fois, le motif de la fenêtre a tellement été « travaillé » par les peintres et les photographes qu'il pourrait être usé jusqu'à la corde.
Or, en découvrant sur Internet une telle image, et, parfois, en prenant mes propres photos, je me dis une fois de plus, que décidément, il n'en est rien : ce sont souvent les thèmes et les motifs qui furent les plus explorés qui méritent que l'on s'y affronte.
C'est une gageure (risque de redite, de citation trop littérale de ce qui fut fait par la passé). Et dans mon cas, cela peut prendre un caractère quasi-obsessionnel que je revendique et qui n'aura échappé à personne...
Nous avons donc évoqué ensemble le sujet :
« Marc CC :
Bonjour,
ravi que la photo vous plaise, elle évoque beaucoup de choses pour moi.
Marc (14 avril 2008). »
« Yannick Vigouroux :
Oui cette image en effet me plait beaucoup... Vous savez que non seulement je travaille beaucoup, depuis environ un an, sur le motif de la fenêtre, mais que je suis l'un des co-fondateurs de la Foto Povera...
à bientôt donc,
bonne journée
(15 avril 2008) »
« M CC :
J'aime votre démarche qui est celle de donner la parole aux photographes...
En ce qui me concerne, je n'ai jamais vraiment aimé commenter mon travail... Lorsque j'écris, que je compose de la musique ou lorsque je prend des photos, j'ai une très grande retenue à présenter mon travail, ce n'est pas une question d'insatisfaction, de travail bâclé, mais de pudeur.
Lorsque l'étape de la présentation est franchie, vient celle de l'explication. Donner un sens à une photo c'est comme voler au spectateur une part de rêve et d'imagination, le mystère est en parti dévoilé. J'aime prendre une œuvre comme elle vient, sans aprioris, me créer tout un univers autour d'elle.
Ce que je peux dire sur cette photo, c'est que le temps ciel était triste, je savais qu'il me restait encore quelques photos à prendre avec mon Goldy, je le voyais sur l'appui de fenêtre et il narguait . Poursuivre mon explication serait déjà trop entrer dans le détail...
J'ai parcouru vos blog j'ai regardé "Hommage à Daniel Boudinet" et j'ai beaucoup aimé les couleurs, encore une fois, je ne veux pas trop en dire, mettre des mots sur des sentiments ce n'est pas chose aisée !
Après avoir regardé vos photos de fenêtres, j'ai eu une soudaine envie de les photographier ! Les fenêtres où l'on distingue à peine l'intérieur de la maison...où l'on sent soit une chaleur intense ou une ambiance glaciale due à l'éclairage des néons.
Pour finir, je pense que le titre seul doit donner une piste au spectateur, le reste est superflu ( lorsqu'il s'agit de simples photos comme la mienne ) .
A bientôt,
Marc (16 avril) »
« YV : Bonjour Marc,
merci pour ces précisions (en fait, vous savez, je trouve que vous en parlez bien et de manière sensible de vos photos...) ; outre quelques lignes de ma main, j'aimerais publier cet échange épistolaire, pour les raisons évoquées au début de cette phrase, dans quelques jours... »
Dites-moi s'il vous plait si vous êtes d'accord ?
A bientôt,
Yannick (17 avril) »
« Marc CC
Bonjour,
j'aurais envie de dire : 100 % OK »
Voilà les e-mails échangés ces derniers jours avec Marc.
S'est mise en place très naturellement, avec je crois spontanéité, l'une de ces correspondances, au sens épistolaire du terme, et dans sa nouvelle forme électronique, entre deux photographes, auxquelles je tiens tant.
Mais c'est une double correspondance, puisqu' il s'agit aussi de « correspondances », « circulations » entre nos deux regards, sensibilités, entre des artistes qui utilisent les mêmes boîtiers archaïques (des box 6x9).
Notons que l'image s'intitule simplement « Autoportrait », indication accompagnée de la catégorie d'appareil utilisée. Nulle mention de lieu ou de date. C'est sur un espace extérieur que s'ouvre cet autoportrait sans visage, ce dernier étant remplacé par la main considérée comme l'ultime prolongement, terminaison du regard (l'autre, la droite, déclenche) : un parti pris peu conventionnel, me semble-t-il...
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