lundi 7 avril 2008

Parution de « Fuga » de Daniel Challe (éditions Filigranes)

Photo Daniel Challe,
« Marilyne, Mané Braz, Bretagne, 2005 »
(Diana / Couverture du livre)


Daniel Challe, qui vient de m'envoyer son très beau livre Fuga, m'écrit très justement :

« Je savais que tu serais un des regardeurs/lecteurs les plus attentifs de cet ouvrage qui fait suite au dernier volet du cercle (La caméra-jouet) et explore maintenant le monde dans un cercle plus lointain que mes territoires proches. »

Une passion commune nous lie pour ces appareils de poche, ces appareils bricolés qui sont "nos petites machines à poésie" (l'expression est de Nancy Rexroth, NDLA) et peut-être aussi nos petites machines de résistance face au triste monde qu'on nous offre et qu'on nous promet......C'est aussi le sens du texte qui accompagne Fuga, qui revendique sans doute la poursuite d'une certaine révolte adolescente que le Rock a parfois exalté.... »


Photos Daniel Challe,
« Gladys, Rome, Italie, 2006 / Naples, Italie, 2006 »
(Diana)


Des « machines à poésie » qui seraient aussi des « machines de résistance » : je partage entièrement ce point de vue.

Remarquablement imprimé et mis en page sobrement (quelques variations infimes de formats, de temps en temps des pages blanches comme des silences musicaux, des respirations), le livre propose une belle succession d'images carrées intimistes prises récemment, depuis 2005, dans le cadre du quotidien ou de voyages, à Naples (2006), ou, encore plus récemment, en Inde (2007).


Photo Daniel Challe,
« Gladys, Seynod, Haute-Savoie, 2006 » (Diana)


L'une d'entre elles montre les mains d'une fillette qui dirige une bougie allumée vers une cabane à oiseaux qui ressemble beaucoup à un sténopé ; la flamme évoque autant le bec jaune d'un volatile que ce soleil qui permet d' « écrire avec la lumière ». L'image revendique, comme beaucoup d'autres, l'ancrage du regard dans l'imaginaire de l'enfance.

J'ai beaucoup aimé aussi le texte du photographe qui conclut l'ouvrage, rédigé dans un style aussi direct, simple et fluide, sans « effet », que ses images. Ce texte évoque une influence que je revendique depuis toujours, systématiquement éludée par les histoires de la photographie : celle d'une certaine musique rock, punk et Cold-Wave milieu des années 1970 ainsi que celui des années 1980, ainsi que, visuellement, leurs pochettes (celles de Joy Division, de The Cure : les visages rougeoyants et flouttés des membres du groupes sur la pochette Pornography (1982) par exemple ; en général toutes les pochettes et les livrets du Label 4AD qui publia, notamment les Cocteau Twins, Dead Can Dance, les Pixies aussi... CF. http://www.4ad.com/). J'ai récemment parlé de cela dans le contexte d'interventions autour de mon livre Naufragée (éd. Thierry Magnier, 2007) dans un entretien (http://www.ville-villepinte.fr/t_zoom.php3?id_rubrique=1669)


Daniel écrit ainsi, à la fin du livre (« La Physique du monde ») :

« L'attraction de cette énergie Rock'n Roll

qui me chavire en ces années 70 est noire et blanche


Les images découpent le son

comme le Leica de Robert Frank

découpe la rue et les visages

[...]

Sur les pochettes des disques

les photographies devinrent floues

évanescentes. »


Certes, cette musique est comparée à la façon de cadrer de Robert Frank, qui a tant influencé les acteurs de la Foto Povera, mais l'influence de la musique et des visuels des pochettes de disques a souvent précédé la découverte des oeuvres de photographes...

Fuga de Daniel Challe (photographies et textes), 165 x 220, 84 pages, 46 photographies en couleur, éditions Filigranes, 25 euros.

Http://filigranes.revue.com/


L'exposition « Daniel Challe, Fuga et autres suites » est présentée du 22 mars au 10 mai 2008 au Musée de La Roche-sur-Yon (Rue Jean-Jaurès, 85 000 La Roche-sur-Yon, tél. 02 51 47 48 35, www.ville-larochesuryon.fr ; ouvert du mardi au samedi de 13 h à 18 h), accompagnée d'un Workshop : « Daniel Challe, la caméra-jouet », École d'Art, 14 et 15 mai 2008.


L'exposition « Daniel Challe, Journal d'Espagne et autre journaux», sera présenté dans la même ville à la Médiathèque Benjamin Rabier, du 17 mai au 30 août 2008.

4 commentaires:

f.metral@free.fr a dit…

Quand exposes-tu à Paris Daniel ?

Vigouroux a dit…

J'espère pour lui bientôt !

Toutefois, en Ile-de-France, les images de Daniel furent présentées dans le cadre de notre expo collective "Foto Povera" 3 début 2006 au CPIF de Pontault-Combault...

f.metral@free.fr a dit…

Merci pour la réponse. J'ai malheureusement manqué cette expo ... A réïtérer !

Vigouroux a dit…

Mais, et je sais que c'est loin, mais Foto Povera 4 verra le jour çà l'Opal Gallery à Atlanta (Gerogia, USA)(http://www.theopalgallery.com/)d'Atlanta à l'automne ou l'hiver 2008...

La galerie vient d'être créée par mon amie Constance Lewis, elle-même talentueuse adepte des Toys-cameras (en l'occurrence le Holga chez elle). Pour info, et toujours dans le registre de la Foto Povera, je vais y exposer mes images avec Bernard Plossu fin dès fin mai...

Parmi ses complices, le chanteur de R.E.M. qui a "flashé" paraît-il sur Foto Povera : un détail qui je pense fera plaisir à Daniel si attaché au Rock ; cela ne risque pas d'arriver en France hélas ! (enfin j'espère me tromper...)