lundi 26 novembre 2007

Les spectres organiques de Bruno Debon (photographier avec un téléphone mobile)




Photos Bruno Debon, "Var, 2005" (tél. mobile)


Un gigot qui ressemble à une carcasse de boeuf écorché ; un rocking-chair dont le profil calligraphique semble s'animer, fragile insecte nocturne ; un poulpe qui au contraire semble se dissoudre, épuisé de sa présence, dans un magma tachiste...


Décidément, les expérimentations visuelles des artistes qui, comme Bruno Debon, utilisent un téléphone mobile relèvent plus que jamais de ce que j'ai nommé dans un article « une réincarnation pixellisée » (CF. « Du Polaroïd à la photophonie : vers une réincarnation pixellisée ? » in www.lacritique.org, 5 avril 2006, d'abord publié dans la revue Images, mars 2005, p. 18-23)... Ces images sont un déni radical de l'imagerie artificielle et glacée, fabriquée sur Photoshop, tant redoutée dans les années 1990. D'ailleurs, et c'est un signe, l'expression cyber-réalité semble tomber en désuétude.


Le numérique, utilisé de manière alternative, peut générer de puissant effets de réalité, tout comme le grain prononcé, le vignetage et le flou obtenus grâce aux toy-cameras chargées de films argentiques. Non, le corps et les problématiques qui lui sont inhérentes ne sont pas morts avec le numérique, tout comme ses spectres (sauf si, comme dans les contes, leur âme est sauvée) ne peuvent par définition pas mourir et sont condamnées à l'errance.


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